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6. Pieter Bruegel l’Ancien

6. Pieter Bruegel l’Ancien

Breugel, près d’Eindhoven 1525/30 – 1569 Bruxelles

La Chasse aux Lapins, 1560

Ce qui subsiste de l’œuvre de Pieter Bruegel l’Ancien, un des artistes des Pays Bas les plus marquants du XVIe siècle, est relativement limité. Quarante peintures seulement et à peine plus de soixante dessins nous sont parvenus – le tout créé entre 1552 et 1568. C’est grâce à la production à grande échelle d’estampes, faites d’après ses dessins, qu’il s’est fait connaître de son vivant à travers toute l’Europe. Curieusement, l’artiste n’a réalisé lui-même qu’une seule gravure, l’eau-forte connue sous le titre de La Chasse aux Lapins. Elle évoque un paysage fluvial avec au loin une cité fortifiée et une cathédrale. Situé au sommet d’une colline, non loin d’une chapelle de forme polygonale, un grand monastère ou un château domine la vallée. Au premier plan, un chasseur accompagné de son chien vise deux lapins avec son arbalète, tandis qu’un autre personnage se glisse derrière un arbre, son épieu déjà prêt.

On a associé l’estampe à des proverbes du livre des Adages d’Érasme (1553) : « Qui chasse deux lièvres n’en prend aucun » (« Duos insequens lepores neutrum capit ») et « Tu es toi-même un lièvre et tu chasses la proie » (« Tute lepus es, et pulpamentum quaeris »)1. Cependant, on ne connaît aucun texte contemporain relatif à l’estampe de Bruegel, et sa signification exacte demeure incertaine2. Néanmoins, la gravure démontre à merveille les qualités de paysagiste de Bruegel. L’artiste a rendu le paysage à l’aide de courts traits, de points et de lignes d’une grande liberté, créant de vifs effets d’ombre et de lumière. Certains éléments – comme les hachures horizontales parallèles et le contour d’arbres en pointillés – se retrouvent également dans ses dessins de paysages antérieurs3. Bruegel a en outre animé la scène de nombreux détails, tels que le pêcheur au bord de la rivière, le fermier labourant sa terre, et le voyageur solitaire sur un éperon rocheux dominant la vallée.

Un dessin préliminaire pour la gravure, longtemps tenu pour une copie d’après un original perdu, mais réattribué à Bruegel par Hans Mielke en 1996, a été acquis par Frits Lugt en 19574. Mis en rapport avec le dessin, certains éléments de la gravure sont légèrement différents. En travaillant directement sur la surface de la plaque de cuivre, Bruegel a modifié l’emplacement de la montagne et des arbres. Il a également ajouté un grand tronc d’arbre creux au premier plan, éliminant en outre le troisième lapin présent dans le dessin. La date sur l’estampe, qui indique « 1506 » au lieu de « 1560 », est une erreur de l’artiste, peu habitué à travailler en image miroir. Après plusieurs impressions, Bruegel a sans doute pris conscience d’avoir inversé les chiffres, et en conséquence entièrement barré l’année. MR

1P.P. Fehl, « Peculiarities in the relation of text and image in two prints by Peter Bruegel : The Rabbit Hunt and Fides », North Carolina Museum of Art Bulletin, IV, 1940, p. 26-29 ; Margaret Sullivan, « Proverbs and process in Bruegel’s Rabbit Hunter », Burlington Magazine, CXLV, 2003, n° 1198, p. 30-35.

2Martin Royalton-Kisch dans Stijn Alsteens et al., Un cabinet particulier. Les estampes de la collection Frits Lugt, cat. exp., Paris, Institut Néerlandais, 2010, p. 272.

3Cf. Paysage avec Saint Jérôme, daté 1553, à Washington, National Gallery of Art, inv. 1972.47.1 (plume et encre brune ; 232 × 336 mm) ; Nadine M. Orenstein et al., Pieter Bruegel. Drawings and Prints, cat. exp., Rotterdam, Museum Boijmans Van Beuningen, et New York, The Metropolitan Museum of Art, 2001, p. 100-101, cat. n° 10 ; https://www.nga.gov/Collection/collection-search.html.

4Paris, Fondation Custodia, inv. 6959 (plume et encre gris-brune, sur un tracé à la pierre noire ; 214 × 299 mm. Signé et daté, en bas à gauche, à l’encre brune : « BRUEGEL 1560 ») ; Hans Mielke, Pieter Bruegel. Die Zeichnungen, Turnhout, 1996, n° 53, repr. Martin Royalton-Kisch a soutenu que la feuille n’est pas entièrement de la main de Bruegel ; Paris 2010, op. cit. (note 2), p. 270-271. Ceci est contredit par Cécile Tainturier ; Joris van Grieken, Ger Luijten et Jan van der Stock (éd.), Hieronymus Cock. La gravure à la Renaissance, cat. exp., Louvain, M - Musée Louvain, et Paris, Fondation Custodia, 2013, n° 109a.