Accueil Catalogues en ligne Un œil passionné. Douze ans d’acquisitions de Ger Luijten 74. Jacob Gole et Pieter Pickaert (ou Picard), d’après Cornelis Dusart (Amsterdam 1660 – 1737 Amsterdam) et (Amsterdam 1668 – 1737 Saint-Pétersbourg) Les Héros de la Ligue. Ou la procession monacale. Conduitte par Louis XIV, pour la conversion des Protestans de Son Royaume, 1691 Le portrait satirique de Louis XIV comme immortel chef de la Ligue, avec le soleil, symbole de son règne, masquant son visage, ouvre cette série de dix-huit portraits intitulée Les Héros de la Ligue. Chaque planche est composée d’une caricature en médaillon, surmontée d’un titre gravé et assortie au bas d’un quatrain, représentant divers partisans de la répression menée par Louis XIV contre les protestants. Cette suite étant destinée à être diffusée en France, l’efficacité de la censure française induisit les graveurs à ne pas signer leur travail et l’éditeur prit soin de fournir sur la planche de titre des références fantaisistes et une adresse fictive, « Louis le Grand ». La série se termine avec un sonnet gravé, présentant la réponse des réfugiés aux persécuteurs. Cette publication fait partie d’une kyrielle d’autres images critiquant souvent de manière virulente la politique de domination européenne de la France. Douze dessins du Haarlémois Cornelis Dusart (1600–1704) pour la suite nous sont parvenus, permettant de supposer qu’il a sans doute aussi fourni les dessins pour les planches restantes1. L’absence des noms de graveurs n’empêcha pas les historiens de l’estampe de présumer dès le XIXe siècle qu’il devrait s’agir de Jacob Gole et Pieter Pickaert (ou Picard), hypothèse acceptée depuis2. Ce Gole n’est pas le fils de l’ébéniste Pierre Gole (vers 1620–1684), établi à Paris, comme il a été suggéré3. Né à Amsterdam, Jacob Gole se spécialisa dans le portrait, les scènes allégoriques et les figures de mode, et sa première gravure date de 1685. Il connaissait bien l’effigie de Louis XIV, masquée par le soleil dans notre estampe, car il avait gravé son portrait, publié par Nicolaas Visscher II (1649–1702) à Amsterdam4, et plusieurs autres portraits du même roi à la manière noire5. L’exemplaire de la série à la Fondation Custodia est à peu près unique. Il semble être le seul où, à une date inconnue, les médaillons furent rehaussés à l’aquarelle et à la gouache. En outre, à la suite des Héros de la Ligue, six planches de têtes grotesques furent reliées, toutes moquant l’abus d’alcool. Présentées pareillement dans un cercle accompagné d’un titre et d’un quatrain, elles semblent revenir aux mêmes artistes, mais ne sont pas décrites dans la littérature sur l’estampe hollandaise6. Une note au crayon à l’intérieur du premier plat de notre volume renvoie au Bulletin de la librairie Morgand & Fatout, vol. I, Paris, 1876, n° 460 (et non 406), où est décrit un autre exemplaire de la série, sans les planches supplémentaires et non rehaussé de couleurs, relié en marocain rouge avec tranches dorées par Hardy-Mesnil. Peter Fuhring 1Leyde, Universiteitsbibliotheek, inv. PK-T-223 à 234. 2Rudolph Weigel, Suppléments au peintre-graveur de Adam Bartsch, Leipzig, 1843, vol. I [le seul paru], p. 340. 3Voir par exemple Ulrich Thieme et Felix Becker (dir.), Allgemeines Lexikon der bildenden Künstler von der Antike bis zur Gegenwart, Leipzig, 1921, vol. XIV, p. 343-344. 4Joseph Eduard Wessely, Jacob Gole. Verzeichniss seiner Kupferstiche und Schabkunstblätter, Hambourg, 1889, n° 12. 5Wessely 1889, op. cit. (note 4), nos 84-86. 6Manières noires, rehaussées d’aquarelle et de gouache. – 155 × 109 mm (coup de planche).
Le portrait satirique de Louis XIV comme immortel chef de la Ligue, avec le soleil, symbole de son règne, masquant son visage, ouvre cette série de dix-huit portraits intitulée Les Héros de la Ligue. Chaque planche est composée d’une caricature en médaillon, surmontée d’un titre gravé et assortie au bas d’un quatrain, représentant divers partisans de la répression menée par Louis XIV contre les protestants. Cette suite étant destinée à être diffusée en France, l’efficacité de la censure française induisit les graveurs à ne pas signer leur travail et l’éditeur prit soin de fournir sur la planche de titre des références fantaisistes et une adresse fictive, « Louis le Grand ». La série se termine avec un sonnet gravé, présentant la réponse des réfugiés aux persécuteurs. Cette publication fait partie d’une kyrielle d’autres images critiquant souvent de manière virulente la politique de domination européenne de la France. Douze dessins du Haarlémois Cornelis Dusart (1600–1704) pour la suite nous sont parvenus, permettant de supposer qu’il a sans doute aussi fourni les dessins pour les planches restantes1. L’absence des noms de graveurs n’empêcha pas les historiens de l’estampe de présumer dès le XIXe siècle qu’il devrait s’agir de Jacob Gole et Pieter Pickaert (ou Picard), hypothèse acceptée depuis2. Ce Gole n’est pas le fils de l’ébéniste Pierre Gole (vers 1620–1684), établi à Paris, comme il a été suggéré3. Né à Amsterdam, Jacob Gole se spécialisa dans le portrait, les scènes allégoriques et les figures de mode, et sa première gravure date de 1685. Il connaissait bien l’effigie de Louis XIV, masquée par le soleil dans notre estampe, car il avait gravé son portrait, publié par Nicolaas Visscher II (1649–1702) à Amsterdam4, et plusieurs autres portraits du même roi à la manière noire5. L’exemplaire de la série à la Fondation Custodia est à peu près unique. Il semble être le seul où, à une date inconnue, les médaillons furent rehaussés à l’aquarelle et à la gouache. En outre, à la suite des Héros de la Ligue, six planches de têtes grotesques furent reliées, toutes moquant l’abus d’alcool. Présentées pareillement dans un cercle accompagné d’un titre et d’un quatrain, elles semblent revenir aux mêmes artistes, mais ne sont pas décrites dans la littérature sur l’estampe hollandaise6. Une note au crayon à l’intérieur du premier plat de notre volume renvoie au Bulletin de la librairie Morgand & Fatout, vol. I, Paris, 1876, n° 460 (et non 406), où est décrit un autre exemplaire de la série, sans les planches supplémentaires et non rehaussé de couleurs, relié en marocain rouge avec tranches dorées par Hardy-Mesnil. Peter Fuhring 1Leyde, Universiteitsbibliotheek, inv. PK-T-223 à 234. 2Rudolph Weigel, Suppléments au peintre-graveur de Adam Bartsch, Leipzig, 1843, vol. I [le seul paru], p. 340. 3Voir par exemple Ulrich Thieme et Felix Becker (dir.), Allgemeines Lexikon der bildenden Künstler von der Antike bis zur Gegenwart, Leipzig, 1921, vol. XIV, p. 343-344. 4Joseph Eduard Wessely, Jacob Gole. Verzeichniss seiner Kupferstiche und Schabkunstblätter, Hambourg, 1889, n° 12. 5Wessely 1889, op. cit. (note 4), nos 84-86. 6Manières noires, rehaussées d’aquarelle et de gouache. – 155 × 109 mm (coup de planche).