2. Jean-Achille Benouville

Paris 1815 – 1891 Paris

Paysage d’Italie avec un village perché, vers 1845-1860

Jean Achille Benouville se forme auprès de Léon Cogniet et séjourne en Italie en 1838 et 1840, puis en 1843 avec Corot. Lauréat du Prix de Rome en 1845, il demeure dans la Ville Éternelle jusqu’en 18701. Ce dessin aurait donc été réalisé pendant la longue période romaine de l’artiste. Son acquisition vient porter à onze le nombre de dessins de sa main conservés par la Fondation Custodia, qui en a entamé la collection en 1977. L’artiste y tient d’ailleurs une place particulière, puisqu’un carnet de vingt-cinq dessins de Benouville d’après l’Antique a figuré à la vente aux enchères organisée à Paris, le 19 mars 2004, au profit de la création de la base de données des marques de collection, pour être généreusement offert par la suite à la Fondation2.

Ce paysage italien repose avant tout sur un dessin très maîtrisé, que l’artiste exécute d’une plume alerte, en ne recourant qu’à une mise en place minimale au crayon. De larges aplats de lavis brun et des rehauts de gouache blanche viennent remplir ce trait de contour, dont la rigueur est contrebalancée par la luminosité intense qui baigne la composition. Les bâtiments de cette petite ville sont traités comme des formes pures, de simples volumes géométriques cernés d’un trait rigoureux. L’artiste semble plus inspiré en revanche par la verticalité des formations rocheuses qui les soutiennent. La vue en contre-plongée, qui monumentalise le motif, se retrouve dans d’autres dessins de Benouville représentant Tivoli3. Le thème spécifique du village perché sur un éperon rocheux réapparaît quant à lui dans une autre feuille non datée, à la pierre noire rehaussée de craie blanche, conservée au Petit-Palais4. Mais c’est peut-être avec un dessin à la plume conservé au Louvre, inscrit par l’artiste ROCCA GIOVANE5, que notre feuille montre une parenté plus frappante sur le plan topographique : la vue, certes schématisée, et de dimensions plus modestes, semble prise depuis la même route menant à ce promontoire, d’un point plus distant. Si le village décrit dans notre dessin était effectivement Rocca Giovane (localité du Latium aujourd’hui appelée Roccagiovine), Benouville aurait pu le découvrir en arpentant la route partant de Tivoli, l’ancienne Via Valeria, qui mène à la vallée de Licenza, puis à la ville fortifiée de Civitella, deux sites remarquables qu’il a également immortalisés sur le papier6. Mais en l’absence d’inscription ou même de datation sur le dessin, il demeure malaisé d’identifier cette vue avec certitude. MNG

1Marie-Madeleine Aubrun, Achille Benouville 1815-1891. Catalogue raisonné de l’œuvre, Nantes, 1986, p. 13-14, 43, 46.

2Paris, Fondation Custodia, inv. 2004-T.7 (in-8°, oblong, 38 fol.).

3Aubrun 1986, op. cit. (note 1), nos D. 56, D. 71-73.

4Paris, Petit Palais, inv. PPD3400 (graphite  ; 290 × 433 mm)  ; Aubrun 1986, op. cit. (note 1), D. 317  ; http://parismuseescollections.paris.fr/fr/node/231450.

5Paris, Musée du Louvre, inv. RF 34625 recto, fol. 11 de l’album Benouville Achille -3- (plume et encre bleue, sur une esquisse au graphite  ; 189 × 269 mm)  ; Aubrun 1986, op. cit. (note 1), n° D. 358  ; http://arts-graphiques.louvre.fr/recherche/oeuvres.

6Pour une vue de Civitella, voir par exemple le dessin dans une collection particulière, Paris (plume et lavis gris, pierre noire  ; 233 × 483 mm)  ; Aubrun 1986, op. cit. (note 1), n° D. 8.