II. Assembler les figures

Les interactions liant les personnages dans une œuvre sont un élément essentiel de la qualité du récit qui s’y déploie. Les artistes multiplièrent les dessins pour trouver des solutions formelles à la restitution, en deux dimensions, d’une relation qui se développait en réalité dans l’espace. Grâce à la spontanéité des esquisses, ils pouvaient tourner, rapprocher, réarranger les figures ou les observer sous différents angles, pour évoquer la dynamique et la diversité des réactions au sein d’un groupe ou la multitude presque abstraite d’une foule.
L’iconographie de la Vierge à l’Enfant, très largement déclinée dans l’art italien de cette époque, était propice à l’examen des contacts physiques ou platoniques qui pouvaient lier deux figures. Dans ces études, l’expressivité des gestes et des regards permettait au dessinateur d’explorer le caractère intime ou dévotionnel de la relation qui unissait Marie et son enfant, et qui conférait à l’œuvre l’atmosphère spirituelle désirée.


E da cio’ nasce l’invenzione, la quale fa mettere insieme in istoria le figure a quattro, a sei, a dieci, a venti, talmente ch’e’ si viene a formare le battagle e l’altre cose grandi dell’arte.

À partir de là, [l’artiste] sera capable d’inventer, c’est-à-dire de composer des scènes en assemblant quatre, six, dix, vingt figures ou plus, jusqu’à représenter des batailles ou d’autres grands sujets de l’art.

Giorgio Vasari, Le Vite de’ più eccellenti pittori, scultori, e architettori, Florence, 1550