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73. Joseph Trevoux

73. Joseph Trevoux

Lyon 1831 – 1909 Lyon

Arbres au bord d’une rivière

Le Lyonnais Joseph Trevoux se forme à partir de 1854 dans l’atelier de Jean-Louis Janmot (1814-1892) et effectue par la suite une carrière de paysagiste. En 1858, il vient s’installer dans le village de Vignieu, tout près de Morestel où Auguste Ravier (1814-1895) (voir cat. n° 65) avait élu domicile. Il bénéficie dès lors des conseils de ce dernier pour composer sur le motif, lors de séances de travail qu’il partage avec son ami le peintre Paul Borel (1828-1913). Les premiers tableaux qu’il présente au Salon de Lyon, au début des années 1860, dépeignent les environs de Morestel et d’autres localités du Dauphiné. La facture très libre de ses toiles – souvent exécutées au couteau – et leur chromatisme audacieux lui attirent néanmoins par la suite des critiques acerbes relayées dans la presse lyonnaise, bien que d’autres auteurs reconnaissent en lui « une manière bien personnelle, ennemie des conventions et qui atteint avec une robuste sincérité à l’impressionnante émotion »1.

Ces observations s’appliquent également avec justesse à ses dessins, investis par l’artiste d’une sensibilité âpre, qui s’accorde aux paysages grandioses et parfois tourmentés de sa région. Notre feuille, acquise en 2012 avec trois autres dessins2 de Trevoux ayant aussi appartenu à son gendre l’imprimeur Éleuthère Brassart (1850-1920), illustre en outre le goût de l’artiste pour des cadrages originaux. Ici, il compose ce paysage d’hiver autour de la silhouette dénudée d’arbres surplombant le lit d’une rivière. Leurs lignes verticales et obliques induisent une dynamique descendante qui guide le regard vers le cours d’eau. Trevoux marque le bord supérieur de son dessin par un trait léger au fusain, opérant une ellipse du reste du motif pour mieux conserver son efficacité visuelle. Il rehausse d’une plume nerveuse, à l’encre noire, les contours des troncs et le sol accidenté de la berge pour donner du relief aux aplats de fusain, largement travaillés à l’estompe. Enfin, il applique des touches de craie blanche entre les arbres et sur la surface de l’eau pour suggérer une luminosité froide, mettant à profit la couleur du papier comme une teinte médiane, selon la technique pratiquée notamment par les paysagistes du siècle précédent. Déserté de toute présence humaine, ce coin de nature est chargé d’une atmosphère contemplative et mélancolique, comme la plupart de ses dessins réalisés dans l’arrière-pays lyonnais3.

Ces quatre feuilles de Trevoux, les premières de sa main à rejoindre les collections de la Fondation Custodia, viennent conforter la place de choix dévolue aux paysagistes de l’école lyonnaise parmi ses acquisitions récentes. Tout comme les œuvres d’Auguste Ravier et de Jean Michel Grobon (1770-1853) (voir cat. n° 41), les paysages de Trevoux évoquent un terroir particulier, que l’artiste restitue avec un talent non-conformiste. MNG

1Le critique d’art Étienne Charles en 1896, cité par Élisabeth Hardouin-Fugier dans Madeleine Rocher-Jauneau, Élisabeth Hardouin-Fugier et Étienne Grafe (éd.), Paysagistes Lyonnais 1800-1900, cat. exp., Lyon, Musée des Beaux-Arts, 1984, p. 188.

2Il s’agit également d’études d’arbres, inv. 2012-T.46 (pierre noire, rehauts de craie blanche, sur papier brun-rose ; 287 × 380 mm) ; 2012-T.47 (pierre noire, rehauts de craie blanche, sur papier gris ; 367 × 275 mm) ; et 2012-T.49 (pierre noire, rehauts de craie blanche, sur papier gris ; 292 × 275 mm).

3Notamment dans une feuille décrivant un plateau à la végétation rase, entouré de collines (pierre noire, rehauts de craie blanche, sur papier bleu ; 295 × 430 mm) ; vente, Saint-Étienne, Hôtel des Ventes du Marais, 1er décembre 2011, n° 16.